Hypersensibilité : faiblesse ou atout ?
Ce n’est un secret pour personne parmi ceux qui me connaissent. Je suis hypersensible. Il m’a fallu du temps pour accepter ce trait de ma personnalité. Mais qu’est-ce que l’hypersensibilité ? N’y a-t-il que des inconvénients à être une personne hypersensible ? « Souffre-t-on » d’hypersensibilité ? Qui sont les hypersensibles célèbres (préparez-vous à des surprises) ? Que ressent un hypersensible ? Quelles sont leurs facilités et leurs difficultés ? Je vais tenter de décortiquer ce sujet, qui concerne de nombreuses personnes.
Hypersensibilité : qui est concerné ? Qu’entend-on par cette expression ?
L’hypersensibilité toucherait 20% de la population. Elle se manifeste notamment par une plus grande réactivité que la moyenne aux stimuli sensoriels. L’hypersensible perçoit le monde extérieur beaucoup plus intensément, ce qui peut parfois être contraignant, et même source de blocages. Parmi les problématiques rencontrées par les personnes concernées, on peut citer :
- Des sens démultipliés : des bruits urbains gênant, une trop grande sensibilité à la lumière, à certains goûts et odeurs, ou encore certaines sensations au toucher désagréables (pour ma part ce sont les effleurements notamment)
- Une empathie développée. L’hypersensible est une éponge. Les émotions négatives des autres l’atteignent trop, ce qui a des conséquences sur son bien-être
- Des émotions extrêmes et variant très vite, souvent incomprises et vues comme disproportionnées. L’hypersensible peut se lever avec une formidable envie de vivre et se coucher avec des pensées noires. Il rigole franchement, parfois fort, et, lorsqu’il est heureux, il l’exprime de tout son être, ce qui peut être perturbant de l’extérieur
- Des ruminations, un mental envahissant et des troubles du sommeil
- Un manque de confiance en soi
- L’hypersensible pleure beaucoup (mais ce n’est pas toujours négatif)
- Des films impossibles à regarder (violence, tristesse)
- La quête du sens dans des domaines relevant du quotidien, empêchant la prise de décision alors même que les enjeux sont insignifiants
- Une impression de décalage par rapport aux autres, la sensation d’être incompris
- Des difficultés à vivre en communauté, le besoin de se retrouver seul pour se ressourcer. L’hypersensible perd beaucoup d’énergie et s’épuise rapidement en groupe
- Un besoin quasi-permanent d’être rassuré, une vie de couple plus compliquée, une intégration au travail parfois plus difficile
- Le fait d’être perçu par les autres comme une personne « bizarre«
- Etre une victime facile de pervers narcissiques
Cette liste est bien entendu non exhaustive et il faut bien tenir compte du fait que chacun est différent et aura des ressentis différents. Cette hypersensibilité est également physique, le corps pouvant en donner des signes, comme des évanouissements et vomissements en cas de bouleversement émotionnel par exemple.
Et les points positifs dans tout ça ?! Les atouts de l’hypersensibilité
Partons maintenant pour une ‘petite » liste des atouts, plus ou moins développés, des hypersensibles :
- Une intuition naturellement développée, très utile dans certains métiers, comme au quotidien
- Des capacités spirituelles innées
- Une grande réactivité
- Des idées foisonnantes
- Une certaine spontanéité, une authenticité
- Un véritable sens de la justice
- Un grand sens de l’écoute et de l’empathie. Lorsque l’hypersensible entre dans une pièce, il est capable de faire un scan instantané des émotions ambiantes
- La quête du sens pousse l’hypersensible à se perfectionner, à devenir meilleur. Il se remet facilement en question
- Les émotions négatives sont certes démultipliées, mais il en va de même pour les émotions positives : l’hypersensible vit intensément. Pour ma part, entendre les oiseaux qui chantent, sentir le vent caresser ma main quand je roule à la campagne vitre ouverte crée un sentiment immense de bien-être et de liberté, un bon verre de vin m’illumine les papilles…
- Une grande lucidité, une grande créativité, un intérêt affirmé pour l’art
- Une sensibilité à la beauté des choses, un regard d’enfant sur le monde
- Le plaisir d’être seul et de ne jamais s’ennuyer
- La capacité à voir le monde autrement, à voir ce que les autres ne voient pas
- Il ne faut pas se fier à cette impression extérieure selon laquelle l’hypersensible est faible. Ce que je remarque, c’est qu’il tombe vite et pour des choses perçues par d’autres comme futiles, mais qu’en situation de crise, il est l’un des premiers à se relever et à aider le groupe.
Alors, comment « gérer » cette grande sensibilité ?
Il convient de ne surtout pas refouler ses émotions, mais plutôt de les accueillir et de prendre le temps de les observer, sans jugement. La méditation peut y aider. Cette pratique permettra à un hypersensible envahi par l’expression extrême de ses émotions, de se rappeler qu’il n’est pas son émotion, qu’elle a une fin et qu’elle ne le définit pas dans la personne qu’il est.
Le plus délicat est lorsqu’une émotion « négative » nous envahit alors que l’on est en groupe. Garder cette émotion pour soi, se contenir ne va pas aider. Ce qu’il faut faire, c’est agir sur les conséquences de son émotion, mais ne pas s’empêcher d’avoir cette émotion. Cela requiert de l’entraînement, mais le mieux est de se retirer un moment pour respirer, et, pourquoi pas, de pratiquer une séance de cohérence cardiaque (qui fera le sujet d’un prochain article). L’avantage de cet exercice est que cela ne prend que 5 minutes. L’idéal est d’avoir des bouchons d’oreille, ou simplement des écouteurs avec soi, pour pouvoir s’isoler du bruit, qui est vite envahissant pour un hypersensible.
Si l’on souhaite plutôt faire 5 minutes de méditation, on peut, avec ou sans musique douce, faire cet exercice simple :
- Fermez les yeux.
- Inspirez profondément par le nez.
- Soufflez lentement par la bouche, comme si vous souffliez dans une paille.
- Concentrez-vous ainsi sur votre respiration 4 fois en tout. Si vous avez envie de bailler, faites-le.
- Imaginez que votre émotion est dans une bulle. Regardez-la passer devant vous et s’envoler. Ne jugez pas cette émotion. Observez-la simplement. Constatez qu’elle est là, qu’elle existe. Vous avez le droit de la ressentir.
- Une fois que vous vous sentez prêt(e), frottez vos mains l’une contre l’autre pour les réchauffer, et posez-les sur vos yeux, que vous pourrez ensuite ouvrir délicatement.
- Etirez-vous si l’envie se fait ressentir.
L’hypersensibilité serait innée. Il n’est donc pas possible de s’en détourner. En réduire les conséquences négatives demande de l’exercice. Ce qui est certain, c’est que l’hypersensibilité est une force, source d’atouts non négligeables. Dans la société actuelle, les émotions perdent de leur caractère tabou et se démocratisent de plus en plus, permettant aux sensibles et hypersensibles de s’affirmer tels qu’ils sont, et à des hypersensibles qui s’ignorent de se découvrir. Elaine N. Aron, psychologue et spécialiste de l’hypersensibilité, nous apprend dans ses ouvrages que cette caractéristique se retrouve chez la majorité des animaux. Il s’agirait d’une stratégie de survie dont nous avons hérité de nos ancêtres. Les hypersensibles ont donc une place utile dans le groupe : celle de protéger et d’anticiper les dangers. Toujours selon elle, « les hypersensibles sont assaillis par une foule de messages et perçoivent des nuances qui échappent aux autres ».
Quelles célébrités sont hypersensibles ?
Lorsque l’on voit quelles personnalités comptent parmi les hypersensibles, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’une faiblesse, et que ce trait de personnalité n’empêche pas de réussir, bien au contraire !
Commentaires
Super site qui a répondus à plusieurs de mes questions : )
Merci beaucoup !